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Disposant d’une grande collection où affluaient de tous côtés les différents minéraux, employant les secours de jeunes élèves pleins de connaissances et d’ardeur que l’école polytechnique lui avait préparés, et dont plusieurs sont eux-mêmes aujourd’hui de savants minéralogistes, il répara promptement le temps qu’il avait consumé à d’autres travaux et éleva en peu d’années ce monument admirable dont on peut dire qu’il a fait pour la France ce que des circonstances tardives avaient fait pour M. Haüy, et qu’après des siècles de négligence, il l’a subitement replacée au premier rang dans cette partie de l’histoire naturelle. Ce livre a en effet au plus haut degré deux avantages qui se concilient bien rarement : le premier, qu’il est fondé sur une découverte originale et entièrement due au génie de l’auteur ; le second, que cette découverte y est suivie et appliquée avec une persévérance inouïe aux moindres variétés minérales. Tout y est grand dans le plan ; tout y est précis et rigoureux dans les détails ; il est fini comme la doctrine même dont il contient l’exposition. La minéralogie, cette partie de l’histoire naturelle qui a pour objet les êtres les moins nombreux et les moins compliqués, est cependant celle qui se prête le moins aisément à une classification rationnelle.

Les premiers observateurs distribuèrent et nommèrent vaguement les minéraux d’après leurs apparences extérieures et leurs usages. Ce n’est que vers le milieu du dix-huitième siècle que l’on essaya de les soumettre à ces méthodes qui avaient rendu tant de services à la zoologie et à la botanique ; on crut pouvoir établir parmi eux des genres et des espèces comme parmi les êtres organisés, et l’on oublia l’on manque que en minéralogie du principe qui a donné naissance à l’idée