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Il assure même avoir observé dans une tête de crocodile embaumée dans les catacombes de Thèbes, des différences analogues à celles dont il est question, et notamment un orifice plus exigu aux arrière-narines, en sorte que, selon lui, les années écoulées depuis que le globe a pris sa forme actuelle, auraient été suffisantes pour introduire des variations importantes et permanentes dans l’organisation des êtres.

M. Geoffroy a porté ses vues d’unité et d’uniformité d’organisation jusque sur les organes qui semblent le plus différemment constitués selon les classes, je veux dire sur les organes de la respiration, fonction qui dans les animaux aquatiques s’exerce par des branchies, et dans les animaux terrestres par des poumons ; il pense que les deux sortes d’organes existent à-la-fois dans tous , et que s’il y a des espèces qui ne peuvent vivre que dans un seul milieu et périssent lorsqu’elles sont plongées dans l’autre, c’est que leurs deux systèmes d’organes sont très-différemment développés, et que le plus élevé dans sa composition, suffisant seul à leur objet commun, laisse à l’autre la possibilité d’être employé à des usages étrangers à cet objet. C’est ainsi que, selon lui, les pièces operculaires qui dans les poissons donnent issue à l’eau des branchies, se rapetissent dans les mammifères, y pénètrent dans l’oreille, et ne servent plus qu’à communiquer les vibrations de l’air au nerf auditif. Il a cru trouver une confirmation marquée de cette idée dans une espèce d’écrevisse de la mer des Indes, qui se porte à terre et grimpe même aux arbres pour en dévorer les fruits, et que les naturalistes récents ont nommée birgus-latro. Son corselet est très-renflé sur les côtés, beaucoup plus qu’il ne faut pour loger ses branchies ; et la membrane qui le revêt intérieu-