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Dans cette hypothèse du froid absolu de l’espace, s’il est possible de la concevoir, tous les effets de la chaleur, tels que nous les observons à la surface du globe, seraient dus à la présence du soleil. Les moindres variations de la distance de cet astre à la terre occasioneraient des changements très-considérables dans les températures, l’excentricité de l’orbite terrestre donnerait naissance à diverses saisons.

L’intermittence des jours et des nuits produirait des effets subits et totalement différents de ceux qui subsistent. La surface des corps serait exposée tout-à-coup, au commencement de la nuit, à un froid infiniment intense. Les corps animés et les végétaux ne résisteraient point à une action aussi forte et aussi prompte, qui se reproduirait en sens contraire au lever du soleil.

La chaleur primitive conservée dans l’intérieur de la masse terrestre ne pourrait point suppléer à la température extérieure de l’espace, et n’empêcherait aucun des effets que l’on vient de décrire ; car nous connaissons avec certitude, par la théorie et par les observations, que cette chaleur centrale est devenue depuis long-temps insensible à la superficie, quoiqu’elle puisse être très-grande à une profondeur médiocre.

Nous concluons de ces diverses remarques, et principalement de l’examen mathématique de la question, qu’il existe une cause physique toujours présente qui modère les températures à la surface du globe terrestre, et donne à cette planète une chaleur fondamentale indépendante de l’action du soleil, et de la chaleur propre que sa masse intérieure a conservée. Cette température fixe que la terre reçoit ainsi de l’espace diffère peu de celle que l’on mesurerait aux pôles terrestres. Elle est nécessairement moindre que la température