corps, ce plan des aires qu’il a nommé le plan invariable.
Voilà précisément ce qui avait été fait par les deux géomètres que je viens de citer, et à qui j’ai rapporté expressément dans mon ouvrage ces théorèmes qui leur appartiennent.
Mais il faut bien remarquer ici que ces théorèmes ne constituent point la composition proprement dite des moments. Cette composition n’a été, et je dirai même, n’a pu être connue que par la théorie des couples. Et en effet, ce qu’on appelait le moment d’une force par rapport à un point, ou un axe fixe, n’était jusque-là, pour les géomètres, qu’une simple expression de calcul, un produit abstrait de deux nombres, dont l’un marque une certaine force, et l’autre une certaine ligne ; et il me semble qu’il ne pouvait venir à personne l’idée de chercher des lois de composition, c’est-à-dire ici, des lois d’équilibre entre de tels produits. Que si, par la propriété connue du levier, on pouvait voir, dans ces produits, comme une certaine expression des efforts que font les puissances pour faire tourner autour du point fixe, il est clair que cette idée même, assez vague, n’avait plus aucun lieu, et disparaissait entièrement quand il n’y avait ni point ni axe fixes dans le corps ou système sur lequel les forces étaient appliquées : de sorte que ces produits ne restaient que comme des expressions de calcul, et n’avaient pu conserver, dans leur définition précise, aucune trace de cette espèce de signification que leur donne la présence d’un axe fixe, et qui les avait fait nommer moments par les anciens géomètres. Pour découvrir la composition des moments, il fallait donc découvrir ce que le moment exprime dans la science des forces considérée en elle-même : il fallait une notion statique, qui manquait alors aux géomètres, et cette notion est