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creux, dans ce calibre, serait plus facile, d’un effet suffisant, et n’exigerait ni une arme, ni des dispositions nouvelles.

Quant au tir horizontal, ou sous un petit angle, des projectiles de poids considérables, il n’offre rien de remarquable. On vu, même dans l’enfance de l’art, au siège de Constantinople, en 1453, Mahomet faire battre en brèche avec des boulets de pierre de 200 livres de balles. Suivant les historiens du temps, ces pierres étaient de couleur noirâtre, et il les faisait venir du Pont-Euxin. D’après l’inspection du local, elles devaient être tirées de la masse de basaltes qui existe à l’entrée de cette mer[1], et avoir par conséquent la solidité nécessaire pour remplir leur objet. Mais le canon qui lançait ces projectiles était servi à terre, sur un sol immobile, et non sur un plancher soumis à tous les mouvements d’un navire, et principalement au roulis, comme le sont les bouches à feu des vaisseaux.

En me livrant aux recherches dont j’ai rendu compte relativement au tir des projectiles creux, je ne faisais qu’acquitter le tribut que je croyais devoir au corps dans lequel il était si honorable de servir. Ce travail me paraissait d’ailleurs une conséquence tellement immédiate de ce qui était connu, que je devais me borner à le présenter comme renfermant quelques applications utiles, et non ce qu’on appelle des inventions ; persuadé qu’on doit être sobre de ce titre, et le réserver pour ces idées simples et fécondes qui font faire un grand pas à un art ou à une science. Il est même désavantageux de vouloir faire considérer comme une

  1. Voir mon Voyage à l’embouchure de la Mer Noire, chap. vi, p. 91.