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supérieures, elle se replia sur le grand contre-fort de l’Apennin qui se termine à la mer en arrière de Loano. Ce contrefort fut retranché, et armé dans les parties faibles, et devint la fameuse Ligne de Borghetto, où l’armée se maintint avec avantage pendant cinq mois consécutifs, et jusqu’à la bataille de Loano, dont le succès, le 23 novembre 1795, lui fit reprendre ses anciennes positions. Chargé, en ce qui me concernait, de concourir à l’organisation de la ligne de Borghetto, je plaçai sur un mamelon une pièce de qui m’avait été fournie par la marine. Elle tira durant toute la campagne, et même au commencement de la bataille de Loano, des obus ensabotés, dont la portée était très-considérable, et qui produisirent les meilleurs effets.

L’application du tir des projectiles creux dont je viens de parler est la dernière que j’ai faite, et elle date de trente ans. Depuis lors, plusieurs personnes se sont occupées de ce genre de tir, mais principalement pour en constater les effets, et l’on s’est servi de projectiles sphériques, ou d’autres projectiles dont on a varié les formes.

Au mois de janvier 1798, étant en mission sur les côtes de la Manche avec M. Forfait, ingénieur en chef constructeur de marine, et depuis ministre de ce département, il eut occasion de me communiquer des observations qu’il adressait au ministère, sur un projectile creux en forme de poire qu’il avait fait couler. Sa partie la plus renflée n’était autre chose que le projectile creux ordinaire, auquel s’ajoutait un conoïde plein, dont la surface extérieure, formée par la révolution d’un arc de cercle, avait un rayon double de celui du projectile. Au moyen de cette figure, le projectile devait, suivant l’auteur, pénétrer plus facilement dans le