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jeune, commandait en chef l’artillerie de l’armée, un écrit ayant pour titre : Mémoire sur le tir des projectiles creux, qu’on propose de substituer au tir à boulets rouges dans les combats de mer. J’établissais la force de percussion et de pénétration, ainsi que la force d’explosion de ces mobiles, sur les expériences faites à Schélestatt. Comme l’obus de pouces convient au calibre de je proposais d’armer les batteries basses de pièces de ce calibre, et de leur faire tirer des obus ensabotés quï, éclatant dans les bordages, occasionneraient des brèches irrégulières qu’il serait impossible de réparer, et seraient dans le cas d’y mettre le feu. J’indiquais une plus grande extension à donner au tir des projectiles creux, en l’employant avec les pièces de campagne. Je proscrivais les balles incendiaires comme peu propres à obtenir une certaine justesse de direction, et à se loger facilement dans le bois. Enfin je me flattais, comme on se flatte toujours quand on présente des vues qu’on croit de quelque utilité, que le danger qui accompagnerait l’emploi d’un moyen aussi destructeur, ferait renoncer les puissances maritimes à cet appareil de forces navales qui est si ruineux pour un état, et rendrait la liberté aux mers telles sont les expressions dont je me servais dans le Mémoire qui fut mis sous les yeux du général Bonaparte.

Voici les observations de ce général, datées du ier novembre 1794, et dont l’original est dans mes mains :

« Si l’on pouvait adapter les boulets rouges au service de la mer, une révolution navale serait inévitable.

Les balles incendiaires ne font que peu d’effets ; l’on pourrait les perfectionner, mais on ne leur donnera jamais la vitesse ni l’étendue de portée.