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creuses, qui, lancées avec le canon contre des parapets en terre, y éclateraient, et accéléreraient les brèches. Il y eut ordre de les essayer dans une butte : Vrai est, dit la relation du siége, par Bounouss, qu’assenant bien la terre, elles firent merveilleux effet, et ne laissèrent pas leur auteur sans louange.[1]

Cependant on n’employa point ces balles suivant leur véritable destination. Peut-être que les artilleurs firent éconduire Renaud-Ville, pour ne pas se voir enlever par un étranger le mérite du succès des attaques.

Cette expérience fait voir néanmoins l’essai des projectiles creux comme corps choquants et comme fougasses. Le fait dont il s’agit, et que renferme la relation du siége d’Ostende, s’y trouvait isolé ; il été reproduit en 1811 par le général Lamartillière, dans ses excellentes Recherches sur les meilleurs effets à obtenir dans l’artillerie[2] ; ouvrage écrit vers la fin d’une longue carrière, que l’auteur avait constamment honorée par ses talents et par ses services.

L’Art de jeter des bombes, par Blondel, imprimé en 1685, contient un autre fait de ce genre, moins remarquable peut-être, mais qu’il n’est pas sans intérêt de rappeler.

Au siége de Landrecy, en 1637, Maltus, ingénieur anglais, que Louis XIII avait fait venir pour diriger l’artillerie dans les attaques, ayant mis le feu à la fusée d’une bombe chargée, placée dans un mortier, et ne pouvant le mettre à l’amorce, parce que la mèche s’était éteinte, la bombe creva, et brisa le mortier en éclats, qui tuèrent et blessèrent beau-

  1. Description du siège d’Ostende, par Bounouss, page 232.
  2. Publié en 1811.