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de m. richard.

analyses de fleurs et de fruits consignées dans ses dessins.

La zoologie n’a pas moins souffert de cette humeur chagrine que la botanique. Ses travaux sur les coquilles étaient de la plus grande importance. Aucune collection en ce genre n’était mieux distribuée, plus exactement nommée que la sienne. On assure que plusieurs de ses idées sur les testacés, leurs rapports, les bases d’après lesquelles il convient de les distribuer, communiquées par la conversation, passèrent dans les ouvrages d’écrivains qui ne s’en sont pas vantés : mais ces plagiats ne changèrent pas sa résolution.

Une partie de ses collections a été acquise après sa mort pour le cabinet du Roi ; et l’on y a trouvé des poissons et des mollusques qui, s’il les eût fait connaître dès le moment où il les rapporta, auraient évité des méprises aux plus habiles naturalistes. Non-seulement la science perd à ces retards, elle s’en obscurcit. En trente années les ouvrages se multiplient ; les erreurs, qu’un mot aurait dissipées, se répètent ; elles finissent par s’enraciner si bien qu’on ne peut plus les réfuter que par de longues dissertations.

Cependant M. Richard était sorti de l’état pénible qui lui avait inspiré de si tristes résolutions. Fourcroy, en établissant en 1795 l’École de Médecine, l’y avait fait nommer professeur de botanique. Il y avait trouvé l’occasion de planter un beau jardin ; et, se livrant à ce nouveau devoir avec beaucoup de zèle, il y forma plusieurs excellents élèves. Mais son habitude était prise, et quant à la manière de vivre, et quant à la difficulté de disposer ses travaux pour la publication. Ce fut à peine si l’on put, vers la fin de sa vie, le décider à donner quelques échantillons de ses recherches dans des recueils scientifiques : peut-être même y eut-il regret.