et l’importance de ses travaux, frappa à toutes les portes ; mais les ministres, et jusqu’aux moindres commis, tout était changé : personne ne se souvenait plus qu’on lui eût fait des promesses. Il n’importait guère à des gens qui voyaient chaque jour leur tête menacée, qu’il fût venu un peu plus de girofle à Cayenne, ou qu’on y eût propagé des Litchis et des Eugenia. Des découvertes purement scientifiques les touchaient encore bien moins. Ainsi M. Richard se trouva avoir employé son temps, altéré sa santé, et sacrifié la petite fortune qu’il avait si péniblement acquise, sans que personne daignât seulement lui laisser entrevoir quelque espérance d’assurer son avenir. Il ne lui restait qu’à recommencer le genre de vie auquel il s’était voué à l’âge de quatorze ans.
L’histoire naturelle exige peut-être de celui qui s’y livre plus de courage qu’aucun autre genre d’étude, non-seulement pour affronter les dangers obscurs et continuels qui le menacent dans ses recherches, mais pour supporter la mauvaise fortune. Au milieu de cet attirail matériel, sans lequel il ne peut rien, le naturaliste est comme attaché à la glèbe. Que le génie du poète, du métaphysicien, du géomètre, se soutienne, s’exalte même dans la solitude et la pauvreté, on le conçoit. Leurs pensées sont indépendantes des choses d’ici-bas : mais dans une science qui repose sur l’inspection et la comparaison de tant de milliers d’êtres et de parties d’êtres, dans une science dont les proportions générales ne se forment que du rapprochement de milliers de faits particuliers, le plus beau génie, sans de nombreux sujets d’observations, sans tout ce qui peut rendre l’observation facile et journalière, ou s’annulerait ou se perdrait dans des systèmes fantastiques et vains. Qui s’étonnerait donc que M. Richard,