Mais ce n’est pas seulement à l’exercice régulier de l’odorat que la participation de la cinquième paire de nerfs est nécessaire ; elle concourt à tous les sens dans les organes desquels elle se rend ; lorsqu’on la coupe à un animal, le toucher s’anéantit aussi, mais à la partie antérieure de la tête seulement ; le pavillon de l’oreille et le derrière de la tête conservent leur sensibilité ainsi que le reste du corps.
Les agents chimiques les plus irritants ne lui arrachent plus de larmes ; ses paupières, son iris deviennent immobiles ; on dirait qu’il n’a plus qu’un œil artificiel. Au bout de quelque temps la cornée devient opaque et blanche ; la conjonctive, l’iris s’enflamment et suppurent ; l’œil finit par se réduire à un tubercule qui n’occupe qu’une petite partie de l’orbite, et sa substance ressemble à du lait fraîchement coagulé.
Dans cet état, l’animal cesse de se diriger au moyen de ses moustaches, comme il le ferait s’il était simplement privé de la vue ; il ne marche que le menton fortement appuyé sur le sol et poussant sa tête devant lui ; sa langue ne devient pas moins insensible ; elle pend hors de la bouche ; les corps sapides n’ont aucune action apparente sur sa partie antérieure, quoiqu’ils en conservent sur son centre et sur sa base. L’épiderme de sa bouche s’épaissit ; les dents quittent les gencives.
L’auteur croit même avoir remarqué que la section de la cinquième paire entraîne la perte de l’ouïe ; et si ce dernier résultat se vérifiait, tous les sens seraient sous l’influence de ce nerf.
Depuis long-temps on savait que c’est dans le rameau lingual de la cinquième paire que réside essentiellement le sens du goût, et plus récemment les expériences de M. Bell avaient