Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
clxxxij
histoire de l’académie,

animaux qui éternuent, qui se frottent le nez et détournent la tête quand on leur fait respirer de l’ammoniaque ou de l’acide acétique, demeurent impassibles sitôt qu’on leur a coupé la cinquième paire, ou ne manifestent que l’action de ces vapeurs sur leur larynx.

Cette action des substances d’une odeur très-forte a persisté même sur des poules et d’autres oiseaux auxquels on avait enlevé la totalité de leurs hémisphères cérébraux et de leurs nerfs olfactifs.

On pourrait, à la vérité, soupçonner les acides et l’alcali volatil d’agir chimiquement sur la membrane pituitaire, et attribuer ces mouvements plutôt à la douleur qu’à l’olfaction ; ce serait alors la douleur seulement, l’irritation qui dépendraient de la cinquième paire : mais M. Magendie, qui convient de la justesse de l’objection, fait remarquer qu’elle est beaucoup moins fondée relativement à l’huile animale de Dippel, à l’huile essentielle de lavande, qui agissaient aussi quand le nerf de la cinquième paire était intact et perdaient toute action quand il était coupé, bien qu’on n’eût pas touché à celui de la première. Ce qui répondra encore mieux à la difficulté sera si les animaux dont la première paire est détruite ne laissent pas que de chercher et de distinguer leurs aliments à l’odorat. Les expériences que l’auteur a faites sur ce point ne lui paraissent pas encore concluantes, mais il promet de poursuivre cette recherche.

Les observations cadavériques faites par M. le docteur Ramon, et que M. Magendie rapporte, prouvent aussi que des hémisphères gorgés de sang et des altérations profondes de leur substance corticale, n’émoussent point la sensibilité du nez même pour les odeurs les plus fugaces.