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partie physique.

pontica, et du rhododendrum ponticum. L’Amérique produit aussi des miels dangereux ; Banos, Pison, Dazzara et Barton en ont parlé. Dans les Alpes même, le napel et l’aconitum lycoctonum communiquent leurs qualités délétères au miel pris dans leurs fleurs.

M. Auguste de Saint-Hilaire a éprouvé personnellement des effets très-graves d’un miel des bords de l’Uruguay. Deux cuillerées seulement lui donnèrent l’agonie la plus cruelle, et un affaiblissement qui lui parut le précurseur de la mort ; deux de ses gens tombèrent dans un délire furieux, et ce ne fut qu’au bout de vingt-quatre heures et avec beaucoup de vomitifs et d’eau chaude, qu’ils purent se délivrer d’un état si effrayant.

Ce miel était rougeâtre, et avait été pris dans la ruche d’une guêpe nommée dans le pays lecheguana de mel vermelho ; mais il n’est pas toujours aussi vénéneux, et c’est probablement, comme le miel du Pont, aux plantes dont l’insecte le tire quelquefois, qu’il doit les qualités dangereuses dont M. de Saint-Hilaire a fait l’épreuve. Il en soupçonne principalement quelques plantes des familles des solanums, des scrofulaires et des sapindus, surtout une sapindacéé qu’il nomme paullinia australis, et qui était en fleur aux environs du guêpier qui lui fut si funeste.

À ces propriétés étranges ce miel joint la singularité d’être l’ouvrage d’une guêpe et non pas d’une abeille ; M. Latreille a décrit cet insecte, et l’a reconnu, pour un poliste, sous-genre de guêpe qui comprend aussi la fameuse guêpe cartonnière de Cayenne (vespa nidulans fabr.) Sa ruche, longue d’un pied, et formée d’une espèce de papier grossier, est suspendue à des arbrisseaux. Son miel, selon les expériences