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éloge historique

fectionna ensuite celle qui intéresse les sciences. Je ne rappellerai point l’origine de cet art, et les progrès admirables qu’il a faits depuis le seizième siècle, époque où le génie des nations européennes s’est exercé sur toute la nature.

On est parvenu à mesurer avec une précision incroyable les parties presque insensibles du temps ; et il fallait assurément que le génie des arts prît un grand essor, pour passer de la clepsydre de Ctésibius, ou de l’horloge d’un calife, à un chronomètre de Breguet.

La question de la mesure du temps, que les modernes ont si bien résolue, consiste à imprimer un mouvement de rotation parfaitement uniforme, qui se renouvelle et se conserve sans aucune altération. Le mobile est soumis à deux actions contraires : l’une, qui est la force motrice, tend sans cesse à accélérer le mouvement ; l’autre s’oppose à l’accélération, et détruit à chaque instant avec une exactitude rigoureuse, tout l’effet excédant de la nouvelle impulsion, en sorte que la vitesse demeure toujours égale à elle-même. Cette collision perpétuelle est le principe dynamique commun à tous les instruments de la mesure du temps.

Mais que de difficultés à vaincre pour atteindre à ce but ! il faut, en quelque sorte, soustraire l’instrument à l’action des causes extérieures, qui conspirent toutes à troubler l’uniformité du mouvement. Le frottement des diverses parties de l’appareil en altère continuellement les formes, et peut changer les vitesses. Les variations de la température rendent les dimensions et les forces élastiques variables. Si l’usage commun de l’instrument l’expose à des agitations irrégulières, ou à de grands changements de situation, il en résulte d’autres causes d’inégalité ; enfin, la résistance de l’air n’est