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gesse éternelle et créatrice qui régit, anime et conserve, et qui a donné des lois immuables à toute la nature.

Que l’on se représente maintenant le tableau d’une vie entière consacrée aux beaux-arts et à la description du ciel. Dès ses premières années Herschel lutte contre la fortune et la subjugue. Sa gloire s’accroît de tout ce que le hasard de la naissance lui a refusé.

Les arts l’introduisent dans le sanctuaire des sciences ; il perfectionne l’optique ; il entreprend d’écrire l’histoire naturelle des cieux ; il voit de nouveaux astres aux extrémités du monde planétaire, dont il a pour nous doublé l’étendue.

Il contemple d’innombrables phénomènes dans des régions où l’œil de l’homme n’avait point encore pénétré ; il étudie la nature du soleil, divise ses rayons, en mesure la clarté, sépare la lumière de la chaleur ; il voit les effets de la gravitation dans toutes les profondeurs de l’espace. Il n’a été donné à aucun homme de faire connaître aux autres un aussi grand nombre d’astres nouveaux. Tout ce que l’univers a d’immense et d’impérissable, est l’objet habituel de ses pensées. Voilà quelles furent les occupations de son esprit ; rappelons aussi les sentiments qu’il a inspirés.

Il a vécu dans le sein d’une nation qui, plus qu’aucune autre, regarde la gloire de ses grands hommes comme une propriété publique. Il a joui d’un bonheur pur dans l’intérieur de sa famille ; ses vœux ont été comblés par les succès de son fils, et il a entendu la voix publique répéter cette juste et douce expression, qui peut ici suppléer à tant d’autres, Herschel laisse un fils digne de son nom. Un prince bienveillant a désiré le connaître, et dès ce moment il s’est déclaré son protecteur et son ami. Sa speur Caroline Her-