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les immenses régions de l’univers. Il a vu des soleils innombrables au-delà des limites naturelles de ses sens ; car l’intelligence divine dont sa raison émane, lui a donné le pouvoir de se former en quelque sorte des organes nouveaux. On avait observé de temps immémorial des changements sensibles dans la couleur et l’éclat de plusieurs étoiles ; on a vu de nouveaux astres briller tout-à-coup d’une vive lumière, et, semblables à des corps enflammés, s’éteindre progressivement et disparaître, devenus peut-être des corps non lumineux dérobés pour jamais à nos regards. On remarquait les mouvements propres et extrêmement lents d’un assez grand nombre d’étoiles, ou les variations alternatives et périodiques de quelques-uns de ces astres. Sans doute une connaissance plus complète de l’histoire du ciel est réservée aux générations à venir. On ne peut point espérer aujourd’hui des résultats certains et précis comparables à ceux de l’astronomie planétaire ; on se borne à décrire l’état présent et à distinguer les caractères généraux des phénomènes. L’invention des télescopes, et surtout les observations d’Herschel, ont donné une étendue prodigieuse à cette branche de la physique céleste.

Nous ne rappellerons point ici toutes les vues cosmologiques de ce grand astronome. L’exposition d’une théorie aussi étendue ne peut être l’objet de ce discours : mais nous indiquerons quelques traits principaux.

Il range dans une première classe les étoiles qu’il nomme isolées, c’est-à-dire celles qui sont séparées des autres par des intervalles immenses et ne paraissent point sujettes à une action mutuelle dont l’effet soit appréciable. Il considère ensuite les étoiles doubles ou triples, ou les assemblages