Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colorés, pour affaiblir l’éclat de la lumière. Il eut ainsi des occasions multipliées d’observer jusqu’à quel point rinterposition de ces verres modifiait la chaleur ou la clarté. Il n’était pas dans la nature de son esprit de s’arrêter à des remarques superficielles. Il, entreprit donc une suite d’expériences variées et la physique générale fut enrichie de faits nouveaux et importants que les observations ultérieures ont pleinement confirmés. On avait entrevu depuis long-temps que les rayons séparés par le prisme, et qui forment le spectre solaire, ne possèdent pas au même degré la faculté d’échauffer les corps terrestres. Cette opinion était déjà vérifiée par des expériences faites en Italie et en France.

En remontant à l’origine de cette question, nous la trouvons dans les écrits d’une femme célèbre dont le nom appartient à l’histoire littéraire de la France. Avant qu’Émilie du Châtelet eût traduit et commentéjes ouvrages de Newton, elle avait envoyé à l’Académie des Sciences de Paris un Mémoire de physique, et concourait alors avec Euler à l’examen d’un’des plus grands objets de la philosophie naturelle, la théorie du feu. Dans ce Mémoire de madame du Châtelet imprimé en 1738 par ordre de l’Académie, l’illustre auteur propose de rassembler assez de lumière homogène pour éprouver si les rayons primitifs. différemment colorés n’ont point aussi des degrés inégaux de chaleur, sile rayon rouge, par exemple, ne donne pas plus de chaleur que le rayon violet, ce qui lui paraît très-vraisemblable. L’auteur ajoute : l’expérience mérite d’être tentée par les philosophes qui jugeront cet essai. Cette première vue fut confirmée comme nous l’avons dit, par les observations de Landriani et de Rochon les expériences d’Herschel sur le même sujet non-