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l’action exercée par l’une d’elles sur l’autre soit égale et opposée à celle que cette dernière exerce en même temps sur la première, et qu’il ne puisse, par conséquent, lorsqu’on suppose ces deux particules liées invariablement entre elles, résulter aucun mouvement de leur action mutuelle. C’est cette loi confirmée aujourd’hui par toutes les observations par tous les calculs, qu’il exprima dans le dernier des trois axiomes qu’il au commencement des Philosophiæ naturalis principia mathematica. Mais il ne suffisait pas de s’être élevé à cette haute conception, il fallait trouver suivant quelle loi ces forces varient avec la situation respective des particules entre lesquelles elles s’exercent, ou ce qui revient au même, en exprimer la valeur par une formule.

Newton fut loin de penser qu’une telle loi pût être inventée en partant de considérations abstraites plus ou moins plausibles. Il établit qu’elle devait être déduite des faits observés, ou plutôt de ces lois empiriques qui, comme celles de Képler, ne sont que les résultats généralisés d’un grand nombre de faits.

Observer d’abord les faits, en varier les circonstances autant qu’il est possible, accompagner ce premier travail de mesures précises pour en déduire des lois générales, uniquement fondées sur l’expérience, et déduire de ces lois, indépendamment de toute hypothèse sur la nature des forces qui produisent les phénomènes la valeur mathématique de ces forces, c’est-à-dire la formule qui les représente, telle est la marche qu’a suivie Newton. Elle a été, en général, adoptée en France par les savants auxquels la physique doit les immenses progrès qu’elle a faits dans ces derniers temps, et c’est elle qui m’a servi de guide dans toutes mes recher-