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les différentes influences auxquelles on les voit simultanément soumises ; et parmi les combinaisons infiniment variées du climat, de l’habitation, du lieu, chacune de ces causes est tour-à-tour prédominante et subordonnée. Ici la végétation locale étend son caractère propre jusqu’à la végétation du climat ; là celle du climat conserve le sien, au milieu de formes qui lui sont étrangères ; sur tel point, les conditions imposées par l’habitation commandent au climat et au lieu ; sur tel autre, ces conditions reçoivent la loi de tous deux. Et ce n’est pas tout les diverses formes végétales sont loin de se prêter aux mêmes influences, avec une égale docilité. Nous voyons des types plus fermes et plus rebelles, résister à toute modification ; tantôt exclusivement affectionnés à certaines positions, ils refusent obstinément d’en sortir ; tantôt disséminés çà et là, ils n’ont fait à la diversité des lieux le sacrifice d’aucune portion de leurs caractères, et se représentent partout comme des nécessités de la création végétale. D’autres types, au contraire, ont tant de flexibilité que l’on ne saurait les concevoir que d’une manière en quelque sorte abstraite : c’est un module autour duquel la nature se joue ; elle le copie, l’imite, l’altère, le modifie de mille manières : ce sont des groupes d’espèces où tout diffère, où tout se ressemble, où rien ne se distingue sans rappeler une forme commune qui n’est ni l’une ni l’autre de ces espèces, et qui les renferme toutes.

Quelle idée nous formerons-nous de la parenté de celles-ci ? Sont-elles nées distinctes, mais dans des circonstances assez semblables pour que la conformité de ces circonstances explique ce que leurs formes ont d’analogie ? ou bien y verrons-nous les variations de quelques espèces primitives, sub-