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soit en propre, soit en commun, avec les hautes Alpes : celles-ci indiquent le climat, combiné avec la position géographique, et représentent l’influence de l’un, appliquée aux formes végétales que l’autre lui fournit. À mesure que l’on descend de nos cimes, on voit prédominer de plus en plus le caractère de la position, et l’échelle des températures tracée par la succession des espèces locales. Bientôt s’y mêlent, en proportion croissante, ces plantes cosmopolites qui n’indiquent plus ni climat ni position. Plus bas des arbrisseaux, puis quelques conifères rabougris, annoncent les forêts que l’on va trouver dans les vallées. Peu à peu la latitude prend le dessus, la base des montagnes est envahie par la végétation des plaines ; les espèces méridionales paraissent. Sur ces limites, où les deux régions sont en contact, on doit s’attendre à un singulier mélange des deux végétations ; mais ce qui peut exciter l’étonnement, c’est de voir paraître, au milieu des plantes du pays, des espèces notables échappées aux Flores du Portugal, de l’Espagne, de la Barbarie, de la Grèce, de l’Angleterre, pénétrant jusque dans les gorges des Pyrénées françaises, sans que la diversité des climats, les distances, l’interposition des montagnes et des mers, aient mis obstacle à des rencontres aussi extraordinaires. (Merendera Bulbocodium. N. - Crocus multifidus. N : Scilla umbellata. N. Silene tridentata. Desf. Pinguicula lusitanica. L. Narcissus Bulbocodium, etc.)

Cette esquisse suffit pour établir la nature de l’analogie qui règne entre l’échelle végétale prise de la base de nos montagnes à leur sommet, et la même échelle prise de nos latitudes au pôle : la première représente en raccourci la seconde, mais la représente d’une manière abstraite et éga-