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O,8 ETAT DE LA VÉGÉTATION

mites accoutumées, lorsqu’en 1796 il subit une retraite exttraordinaire. Dans le ravin qu’il abandonnait, j’assistai au réveil de quelques plantes sortant d’un sommeil dont je n’ose évaluer la durée elles, végétaient vigoureusement et fleurirent au milieu de septembre, pour se rendormir bientôt sous de nouvelles neiges, que les années suivantes ont transformées en glace, et que je n’ai plus vues reculer. J’y ai compté sept espèces. Cinq d’entre elles se rencontrent rarement sur les sommets parce qu’elles recher^ chent l’ombre ou l’humidité ; mais elles n’en appartiennent pas moins à cette tribu de plantes nivales, dont les affections ne sont satisfaites que. dans les hautes régions où nous les trouvons. Il leur faut une année tout autrement partagée que la nôtre ; il leur faut un petit nombre de beaux jours, et une végétation, accélérée, suivie d’un long et profond

repos. Elles craignent des chaleurs vives, et surtout des chaleurs soutenues elles ne craignent pas moins le froid, et en sont préservées par les neiges qui, dans leur patrie devancent les fortes gelées. Transportées dans nos plaines, ce sont de toutes les plantes étrangères à notre sol, celles qui se montrent les plus intraitables. On ne peut les plier au cours de nos saisons notre printemps se traîne, notre été est trop chaud et trop long, notre hiver trop âpre et trop court en juillet elles nous demandent de l’ombre, en décembre un abri, et sur le total de l’année, neuf ou dix mois de sommeil que nos climats leur refusent.

Les plantes des contrées polaires ont les mêmes besoins et se trouvent dans la même condition. Plusieurs d’entre elles viennent spontanément se mêler avec les nôtres, et l’on est moins étonné de les rencontrer que de ne pas les^voir en