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Mais la première est au pic d’Ereslids, et j’ai rencontré les deux autres au sommet du Mont-Perdu ou sur ses abords.

Les sommets de Vignemale sont bien plus élevés, et dominent le Pic du Midi de à mètres ; mais leurs crêtes ont beaucoup d’étendue, et la roideur des escarpements en écarte les neiges. Ces crêtes m’ont fourni espèces, dont se trouvent au sommet de notre Pic, et les sept autres sur ses pentes.

Au sommet du Mont-Perdu j’ai trouvé sept espèces de phanérogames. Cinq appartiennent à la cime du Pic du Midi ; les deux autres, cerastium alpinum et saxifraga androsacea, se rencontrent ailleurs à des élévations bien moindres. Je les vis en fleur le 10 août ; le temps était orageux, le soleil ardent ; le vent soufflait avec impétuosité du sud-ouest, et pourtant le thermomètre centigrade ne s’éleva pas au-dessus de ( Réaum.): voilà les jours d’été de cette cime. Ici d’ailleurs l’espace accessible à la végétation est tellement resserré, il est si étroitement bloqué par les neiges, que c’est beaucoup si entre leur retraite et leur retour, nos plantes ont six semaines pour végéter et fleurir. Souvent même cet intervalle doit se réduire au point de ne pas leur en laisser le temps ; et l’on est fondé à présumer qu’il y a telle année où le sol qui les nourrit ne voit pas entr’ouvrir le voile qui les couvre.

Qui sait jusqu’où peut se prolonger l’état de léthargie auquel ces plantes sont alors condamnées ? et qui sait ce qu’il y en a d’enfouies sous les neiges et les glaces du Mont-Perdu, en attendant l’accident qui leur fera revoir le jour ? J’ai une fois saisi la nature sur le fait c’était au bord du glacier de Néouvielle. Je connaissais parfaitement ce glacier et ses li-