Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épuisent les chances par la longévité de leurs racines, et traversent les années en attendant les jours réservés à leur reproduction. Elles ont conquis le sol : les espèces annuelles ne font que l’emprunter. Un coup de vent les apporte, une gelée les détruit ; celles que j’ai rencontrées au sommet du Pic, comme moi étrangères, ont peut-être disparu de même, et d’autres peut-être les remplacent pour être recueillies par d’autres que moi.

La végétation du sommet du Pic du Midi représente, à très-peu de chose près, celle de toutes les hautes sommités de cette partie des Pyrénées. L’absence ou la présence de telle ou telle plante sur l’une ou l’autre de ces diverses sommités, dépend uniquement de circonstances locales, qui tantôt attirent des pentes vers les cimes, tantôt repoussent des cimes vers les pentes, des espèces que les montagnes de cet ordre possèdent en commun. Mais il n’est pas sans intérêt de voir de quoi se compose la liste de celles qui sont confinées sur les sommets dont l’élévation excède celle du Pic du Midi.

La partie accessible des cimes de Néouvielle n’est élevée que d’environ de plus. Mais elle se trouve au point de départ d’un vaste glacier, et serrée de près par les neiges éternelles. J’y ai recueilli 21 espèces phanérogames, dont seize appartiennent à la cime du Pic du Midi, et deux ne lui sont pas étrangères. La première de celles-ci, Luzula spicata, se trouve peu au-dessous du sommet ; et la seconde, Potentilla frigida, est représentée sur ses pentes par le P. Brauniana dont elle se distingue à peine. Il en reste trois seulement que je n’ai point vues au Pic, savoir : Draba tomentosa, Ranunculus glacialis, et Saxifraga androsacea.