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Ce segment du Pic, ce rocher de pieds de haut et d’une couple d’ares d’étendue, élancé à plus de toises au-dessus des plaines adjacentes ; cette île, perdue dans l’océan de l’air, battue de ses tempêtes, et livrée à la froidure des régions supérieures, offrait à mon observation une localité spéciale, une des extrémités de notre globe, dont il m’a paru curieux de constater les productions.

J’y suis monté trente-cinq fois, en quinze années différentes. J’ai vu sa végétation à toutes ses époques, les années dans toutes leurs diversités.

Il me serait néanmoins difficile de fixer précisément l’instant où l’on verrait poindre les premières fleurs. En juin et souvent dans le milieu de juillet, les pentes sont encombrées de neiges, et quand même telle ou telle pointe de rocher s’en trouverait accidentellement dégagée, l’accès des cimes est ordinairement trop périlleux pour qu’on soit tenté d’y aller épier les premiers développements de la végétation. D’ailleurs les années different beaucoup entre elles, soit pour la quantité de neiges accumulées, soit pour l’époque du déblaiement. Ces variations avancent ou retardent la floraison d’une quinzaine de jours. Cependant il me paraît généralement vrai qu’il n’y a point de fleurs avant le solstice, et qu’il y en a quelques-unes vers le 1er juillet.

C’est donc avec notre été que le printemps du Pic commence. Les premières fleurs appartiennent principalement aux familles des véroniques et des primulacées.

En août la floraison devient générale : on entre en été.

Elle se soutient en septembre. Plusieurs espèces même ne fleurissent qu’alors. C’est le mois le plus favorable à l’ascension du Pic, celui où le temps est le plus assuré, le ciel plus