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mogènes. Jetés en petites parcelles parmi des pierres et des roches inutiles, ce n’est que par un grand travail que l’homme parvient à s’en rendre maître. Toutefois ce n’est point au hasard qu’ils sont répandus. Leur gisement, comme tous les autres rapports des êtres naturels entre eux, est soumis à des lois. On dirait que les montagnes les plus anciennes se sont rompues ou crevassées pour leur offrir des asiles. Ces fentes immenses qui traversent les rochers dans tous les sens, ont l’air d’avoir été remplies après coup de pierres étrangères au fonds de la montagne, et c’est dans les intervalles de ces pierres étrangères, de ces veines, de ces filons, que se sont déposées ces précieuses molécules, souvent encore d’une composition très-compliquée, dont les découvertes successives de la chimie sont parvenues à extraire le métal dans son état de pureté.

L’art du mineur consisté à découvrir les filons principaux, à les suivre, à les retrouver lorsqu’ils sont interrompus, à ne laisser échapper aucun des filons accessoires qui viennent les croiser, à enlever enfin toutes les parties qui peuvent contenir du métal, et à n’en point enlever d’autres : il doit donc connaître les lois générales de la distribution des filons, de leurs inflexions ; de leurs intersections ; et lorsqu’il en a exploité une partie, lorsqu’il a percé la montagne dans tous les sens où des filons se sont présentés à lui, lorsqu’il y a creusé de nouveau ce même labyrinthe qui semble avoir existé lors de la rupture des roches, et avant que les pierres qui remplissent les fentes se déposassent ; il faut qu’il sache se retrouver en tout temps dans ces détours ténébreux, qu’il conserve même des notions précises des galeries, des veines qu’il a abandonnées, afin de ne pas être noyé par les eaux, en y revenant imprudemment par de nouvelles routes.