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d’une grande fonderie, à laquelle étaient jointes plusieurs autres usines.

On vit bientôt dans cet établissement ce que l’instruction peut pour la fortune. En peu de mois les frais diminuèrent ; le produit doubla ; un art tout nouveau s’introduisit.

Dès 1767 on y fabriquait de l’acier si, parfait, que des Anglais l’achetaient pour le revendre comme acier cémanté anglais, tant ils craignaient de perdre leur réputation exclusive ; et l’on en fabriquait plus de 300 milliers par an.

Long-temps depuis on a prétendu avoir importé en France cette fabrication, et l’on a demandé pour cela de grandes récompenses. M. Duhamel avait agi avec plus de désintéressement. Des 1777, il avait publié son procédé dans cette occasion il ajouta comme toujours la modestie au désintéressement, et ne prit pas même la peine de réclamer son droit de priorité.

Une situation moins dépendante aurait pu donner à ses talents une influence plus étendue, et il avait conçu un plan qui aurait assuré sa fortune et sa liberté. Il s’agissait d’établir dans les landes des fonderies et des forges, qu’il eût été aisé d’alimenter au moyen des pins si abondants, et alors si inutiles dans cette contrée sablonneuse. Les traités étaient faits, le succès ne paraissait pas douteux, mais il fallait quitter l’établissement auquel il présidait ; et il semblait qu’un propriétaire qu’il avait si fort aidé à enrichir, n’aurait pas dû se refuser à une liberté qui, à son tour, pouvait aider à la fortune de l’homme qui l’avait si bien servi.

Il en fut tout autrement : ce maître d’un caractère violent, et à cette époque dans le plus grand crédit, abusa de son pouvoir au point de faire reprendre M. Duhamel par