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ouvert à la fortune une route plus sûre que celle qu’on avait désiré lui faire suivre. On comprend que le courroux du père était apaisé d’avance.

M. Duhamel le fils n’attendait donc plus que d’être installé dans les fonctions auxquelles il s’était préparé par cette longue épreuve. Il vient en hâte à Paris, et s’informe si les préparatifs annoncés ont été terminés. Mais tout avait bien changé dans l’administration. La guerre la plus malheureuse avait épuisé les finances. M. de Seychelles, ce ministre éclairé qui avait fait voyager nos jeunes gens, n’était plus au contrôle-général. Trois autres ministres s’y étaient succédé en deux ans, sans rien faire d’utile au crédit ni à la fortune publique ; et celui qui l’occupait pour le moment, M. de Silhouette, avait été plus malheureux encore que tous les autres. Son nom venait de recevoir un ridicule immortel de l’espèce mesquine de portraits, emblème en quelque sorte de ses opérations, auxquels on l’avait donné. Ce n’était ni à lui ni à la plupart de ceux qui le remplacèrent chacun pendant quelques mois, encore moins à cet abbé Terray, de formidable mémoire, qui gouverna les finances jusqu’à la mort de Louis XV, qu’il fallait proposer de rien fonder pour l’avenir.

M. Trudaine ajourna donc ses rapports, et M. Duhamel resta sans emploi. Cependant il ne murmura, ni n’essaya d’obtenir par des sollicitations ce que l’on refusait à ses travaux.

Comme dans tout le reste de sa vie, il se tut, et chercha ses ressources en lui-même. Des conseils donnés aux compagnies de mineurs occupèrent son loisir et soutinrent son existence. Il travailla même pour des particuliers, et en 1764, il entra au service d’un riche propriétaire comme directeur