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efflorescence de la moelle, ou la moelle une continuation du cerveau, on s’est exposé à être facilement réfuté par ceux qui prennent ces termes au pied de la lettre. Je devrais dire même, qu’en les prenant ainsi, on s’est donné pour les réfuter une peine très-inutile. Les auteurs ne voulaient exprimer que des rapports de liaison, de connexion, et non pas d’extraction ; ainsi, quand on dit que les artères naissent ou sortent du cœur, on ne prétend pas que, primitivement elles aient été dans le cœur, qu’il les ait émises, etc.

Une remarque semblable doit se faire sur des expressions figurées qui donnent lieu à des disputes encore plus échauffées et non moins vaines ; ce sont celles qui se rapportent à certaines fonctions des organes : lorsqu’on dit, par exemple, que c’est le cerveau ou telle autre partie du système qui sent, qui perçoit, qui veut, qui met en mouvement. Aucun de ceux qui parlent ainsi ne peut, à moins d’être absurde, entendre que ce soit telle ou telle partie qui éprouve la perception, qui exerce la volonté ; c’est seulement une manière elliptique de dire qu’elle est pour l’animal, l’instrument, la voie nécessaire de ces modifications ou de ces actes.

On pourrait faire une troisième remarque sur la facilité avec laquelle, lorsqu’une partie quelconque se montre à l’œil avant une autre dans l’embryon, on se détermine à dire qu’elle se forme avant elle, et à déduire de là des conclusions qui semblent supposer qu’elle n’y est qu’au moment où l’on commence à l’apercevoir ou à lui trouver quelque consistance. Ce n’est que lorsqu’on aura débarrassé son langage et ses raisonnements de ces trois sources d’erreurs, que l’on pourra tirer des faits quelques résultats clairs, et. qui puissent n’être pas la source de nouvelles disputes.