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n’est pas générale. En pinçant les ganglions semi-lunaires d’un lapin, il lui a toujours fait donner aussitôt des signes d’une douleur violente ; mais les ganglions cervicaux sont beaucoup moins susceptibles d’impression : ce n’est que rarement, et après beaucoup d’essais infructueux, qu’il est parvenu à faire ressentir à l’animal les irritations qu’il lui communiquait.

À ces expériences fondées sur des lésions mécaniques, M. Flourens en a fait succéder d’autres qui reposent sur l’action de certaines substances prises à l’intérieur. Chacun sait que l’opium endort, que la belladonna aveugle, que les liqueurs spiritueuses empêchent de se mouvoir régulièrement. Il était intéressant d’observer si ces substances produisent un effet visible sur les parties de l’encéphale affectées à ces diverses fonctions. Effectivement, quand un oiseau meurt pour avoir pris de l’opium, on voit une grande tache d’un rouge foncé sur le devant de son crâne ; si c’est pour avoir pris de la belladonna, les taches se montrent sur les côtés ; et s’il a péri pour avoir avalé de l’alcohol, c’est l’occiput qui est teint de rouge. M. Flourens avait pensé d’abord que c’étaient des signes d’autant d’inflammations locales : les premières sur le cerveau, les secondes sur les tubercules optiques, les troisièmes sur le cervelet ; mais les commissaires de l’Académie, en répétant ses expériences, ont trouvé que ces taches résultaient d’épanchements sanguins qui se font dans l’épaisseur même du crâne, et qui remplissent les cellules de son diploé, entre ses deux lames. Le fait de la position locale et constante de ces épanchements n’en est pas moins très-singulier ; et les rapports de cette position avec celle des organes dont les fonctions sont altérées, ne laissent pas que