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nous l’avons vu dans notre analyse de 1808, par MM. Gall et Spurzheim.

L’auteur a procuré à la partie de ses résultats qui concerne les sensations, un genre de confirmation bien remarquable. Une poule, privée de ses hémisphères cérébraux, a vécu dix mois entiers dans la plus parfaite santé. Pendant ce temps elle se tenait bien sur ses jambes ; mais elle n’entendait, ni ne voyait, ni ne donnait aucun signe de volonté : des irritations immédiates pouvaient seules interrompre momentanément le sommeil où elle était plongée. Sans désirs, sans appétit, on ne la nourrissait qu’en lui insérant journellement ses aliments dans le bec. Un long jeûne ne l’excitait point à les chercher elle-même ; en vain on les mettait auprès d’elle, rien ne l’avertissait de leur présence ; elle avalait de petits cailloux, quand on lui en donnait, aussi aisément que du grain ; et cependant sa plaie s’était refermée, elle engraissait à vue d’œil.

Néanmoins il est possible de retrancher une certaine portion des lobes cérébraux sans qu’ils perdent complètement leurs fonctions sensitives : et même après une mutilation qui, sans être totale, a suffi pour les leur faire perdre entièrement, il arrive quelquefois qu’ils les recouvrent ; mais s’ils en recouvrent une, la vue par exemple, ils les recouvrent toutes. Il peut arriver aussi qu’une mutilation du cervelet, qui a suffi d’abord pour rendre tous les mouvements désordonnés, n’empêche pas qu’après quelque temps ils ne reprennent leur régularité. Ce sont des faits intéressants par les pronostics qu’ils peuvent fournir relativement aux blessures des organes.

Depuis long-temps on s’était aperçu que les lésions d’un