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c’est que la navicule verte n’existe pas dans les eaux de la mer, ni même dans les eaux douces des environs de Dieppe : elle ne se multiplie que dans un certain degré de salure et de stagnation de l’eau, tel qu’on sait le produire dans les parcs où cette coloration s’opère. Cependant, M. Gaillon en a vu qui étaient sorties d’une conferve du genre vaucheria, venues dans les eaux douces d’auprès d’Évreux.

Une femme âgée d’environ quarante ans, après vingt ans de maladie, et dont la médecine avait désespéré, s’était remise aux soins d’un praticien qui, à l’aide d’un assez violent remède, prétendait lui rendre la santé. Elle ne tarda pas à éprouver un mieux sensible, mais en même temps des démangeaisons violentes se firent éprouver sur toute la surface de son corps. Sa surprise fut grande lorsqu’elle s’aperçut que des milliers de petits animaux brunâtres, presque imperceptibles, sortaient à l’instant de toutes les parties où elle s’était grattée. Ces animaux, observés au microscope par M. Bory de St-Vincent, et au grossissement de cinq cents fois, se sont trouvés des acarides fort voisins des ixodes, mais susceptibles de former un genre nouveau que caractériserait un petit suçoir, accompagné de deux palpes composés de quatre articles. La forme générale de cet acaride est celle des genres voisins. La femme qui les produisait par milliers, surtout dans les jours chauds, n’a point commu niqué ces hôtes incommodes aux personnes qui la soignaient, ni à son mari, qui ne cessa d’habiter avec elle. L’amélioration de la santé de cette malheureuse n’a pas duré : après un mieux apparent elle a succombé à l’éruption des acarides microscopiques qu’elle produisait. Un très-beau dessin accompagnait le Mémoire de M. Bory de St-Vincent.