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de quels pays chacune de leurs plantes y a été transportée.

Pour cet effet, il a préparé, pendant qu’il séjournait à la Martinique, des mélanges de terre propres à la végétation, et dans lesquels il s’est bien assuré qu’il ne subsistait point de germes de plantes. Il les a exposés avec les précautions convenables, et séparément, à l’action des pluies orageuses, à celle des différents vents, à celle des oiseaux de passage, à celle des divers courants, et compte, autant qu’il lui a été possible, le nombre des espèces que chacune de ces causes a amenées. Il a aussi cherché à apprécier ce que les communications des hommes peuvent apporter de semences et de germes de plantes avec les eaux prises en d’autres pays pour l’approvisionnement des navires, avec les matières qui servent à emballer des marchandises étrangères, avec les bois et les fourrages, et jusque dans le lest des vaisseaux et parmi les poils des bestiaux que l’on importe dans les îles.

Le plus puissant et le plus constant des agents naturels lui a paru être le grand courant équatorial de l’Atlantique. Il assure avoir reconnu qu’en deux mois il apporta des graines de cent cinquante espèces différentes ; mais toutes les semences ne se laissent pas également transporter par tous les agents ; et pour pouvoir arriver dans une direction et à une distance données, encore en état de reproduire leurs espèces, elles doivent réunir certaines conditions de légèreté, de mobilité, de résistance à la destruction, de difficulté ou de facilité de germination et autres semblables ; ainsi, parmi les cent cinquante espèces de semences apportées par le courant, il n’y en eut que vingt-six qui germèrent.

Quant à l’action des hommes, M. de Jonnès la croit bien supérieure à celle des agents naturels, et pense qu’elle peut