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DISCOURS DE M. POINCARRÉ.
Messieurs,

En acceptant votre aimable invitation, je n’ai pas voulu seulement apporter le témoignage de ma haute estime à l’homme éminent et illustre qui dirige votre Institut j’ai voulu également payer mon tribut d’admiration aux savants français et étrangers qui composent votre association et rendre, en même temps, un pieux hommage à la mémoire du regretté physiologiste qui a donné son nom glorieux à cet établissement.

J’ai eu la bonne fortune de connaître personnellement M. Marey et je ne puis oublier que, fort peu de temps avant sa mort, il avait eu la gracieuseté d’exposer, sur ma demande, à l’assemblée générale d’une grande Société d’enseignement populaire, quelques-uns des résultats les plus saisissants de la méthode graphique dans les sciences expérimentales. Et je me rappelle encore l’émerveillement de l’auditoire qui, pressé dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, écoutait Marey expliquer en véritable artiste la mécanique de la vie, les lois de la danse antique et de la danse moderne, les mouvements des animaux : progression des poissons, allures du cheval, vol des oiseaux et des insectes. Sa science se faisait accessible à ce public parisien. Il ne cherchait pas à tirer vanité, devant ses auditeurs, des grands services qu’il avait rendus à la physiologie et à la médecine ; on n’aurait pas cru, à l’entendre, qu’il fût l’auteur de tant de recherches intéressantes sur la circulation du sang, sur les mouvements respiratoires, sur les battements du cœur, ni que les deux procédés d’enregistrement des