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XXXIII

« L’ouvrage, écrivait Pasteur dans un article du Moniteur universel, en novembre 1866, exigerait un long commentaire pour être présenté aii lecteur avec tout le respect que mérite ce beau travail, monument élevé en l’honneur de la méthode qui a constitué les sciences physiques et chimiques depuis Galilée et Newton, et que M. Bernard s’efforce d’introduire dans la Physiologie et dans la Pathologie. On n’a rien écrit de plus lumineux, de plus complet, de plus profond sur les vrais principes de l’art si difficile de l’expérimentation. Ce livre est à peine connu, parce qu’il est à une hauteur où peu de personnes peuvent atteindre aujourd’hui. L’influence qu’il exercera sur les sciences médicales, sur leur enseignement, sur leur progrès, sur leur langage même, sera immense. On ne saurait la préciser dès à présent, mais la lecture de ce livre laisse une impression si forte que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’un esprit nouveau va bientôt animer ces belles études ».

En citant ces lignes, vingt-huit ans plus tard, en 1894, notre confrère M. Dastre ajoutait : « N’est-ce pas une grande joie pour nous de voir comment se comprenaient et se traitaient ces deux grands hommes ? Oui, voilà ce que pensait de son aîné et de son émule Pasteur, dont la renommée s’étendra sans doute plus loin dans l’espace et dans le temps parce qu’il a accompli une révolution dont les conséquences et les applications sont peut-être illimitées, mais qui, dans les régions élevées de l’Invention créatrice et de la Pensée, reconnaissait en Claude Bernard un esprit de la même trempe que le sien et, il faut l’ajouter, un caractère de savant aussi noble et aussi pur. »

Combien apparaît plus frappante la justesse de cette appréciation si de l’article de Pasteur on rapproche la réponse immédiate de Bernard : « Mon cher ami, j’ai reçu hier le Moniteur contenant le superbe article que vous avez écrit sur moi. Vos grands éloges sont certes bien faits pour m’enorgueillir ; cependant je garde toujours le sentiment que je suis très loin du but que je voudrais atteindre. Si la santé me revient, comme j’aime maintenant à l’espérer, il me sera possible, je pense, de