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XXVIIII

est surtout remarquable par transparence à l’oreille, dont les vaisseaux sanguins, d’abord à peine visibles, grossissent manifestement ; où les capillaires dilatés laissent passer le sang si facilement qu’en piquant une veine on le voit jaillir en cadence, comme si c’était une artère, et qu’il apparaît rouge et non plus noir, n’ayant pas eu le temps, dans sa course accélérée, de laisser aux tissus une forte part de l’oxygène qu’il contenait. Ce n’est pas tout ces parties s’échauffent, leur température tend à se rapprocher de celle du corps, grâce à l’irrigation chaude d’un sang artériel plus abondant, si bien que, s’il fait froid, il peut y avoir une différence de dix degrés entre l’une et l’autre oreille… Que si maintenant on excite, àl’aide d’un courant électrique, le bout supérieur du nerf coupé, tous ces effets font place aussitôt à un spectacle exactement inverse. Les vaisseaux se resserrent, l’oreille pâlit, le sang ne coule plus par la veine ouverte, la température s’abaisse au-dessous de son degré primitif.

» Nous pouvons, aujourd’hui, expliquer bien simplement ce qui s’est passé. Les petits vaisseaux artériels sont munis d’une tunique musculaire annulaire, d’autant plus forte relativement qu’ils sont plus petits. Dans l’état normal des choses, ces petits muscles sont en une certaine contraction moyenne, qui détermine un certain calibre des vaisseaux et, par suite, un état particulier, régulier de la circulation. Vient-on à couper le nerf sympathique qui anime ces petits muscles ? On les paralyse, ils n’opposent plus de résistance au sang qui, poussé par le cœur avec force, dilate les capillaires qui leur font suite et apporte, avec une abondance excessive, et la chaleur dont il est doué, et l’oxygène qui préside aux combustions locales. Vient-on à galvaniser, au contraire, le nerf ? Les muscles se contractent à l’excès, le sang ne peut plus passer ou ne passe qu’en très faible quantité dans les vaisseaux presque oblitérés, et de là, par une conséquence toute naturelle, la pâleur et le refroidissement. »

Ces nerfs vasculaires, dits vaso-moteurs, se retrouvent dans toutes