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XIII

bientôt suivi d’un Rapport sur les progrès de la Physiologie générale, adressé au Ministre de l’Instruction publique à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867. Aussitôt devenus classiques, ces deux ouvrages généraux, sur lesquels on reviendra tout à l’heure, ont fait de lui le législateur, non seulement de la Physiologie, mais de la Méthode expérimentale. Avec plusieurs beaux articles, publiés notamment dans la Revue des Deux-Mondes, où, en les mettant à la portée de tous, il a exposé ses principales découvertes, ils l’ont du même coup fait connaître, en dehors du cercle des savants, de tous les esprits cultivés. Aussi l’Académie française, qui s’honore de s’associer et de s’assimiler tout ce qui est grand dans notre pays, l’a-t-elle appelé dans son sein en 1868. Et l’année suivante, tous les honneurs lui venant à la fois sans qu’il les eût recherchés, la volonté personnelle du Souverain le fit entrer au Sénat.

À l’Académie française, on ne manqua pas d’apprécier et de célébrer hautement les mérites littéraires de ses écrits. Patin, en l’y recevant en 1869, loua « l’élévation du style et l’art d’exposition avec lequel il s’est employé à mettre à la portée de tous et, pour ainsi dire, en circulation les nouveautés introduites par lui dans le trésor de nos connaissances » « Écrivain, certes il l’était, a dit plus tard Renan, qui s’y connaissait, et écrivain excellent, car il ne pensait jamais à l’être. Il eut la première qualité de l’écrivain, qui est de ne pas songer à écrire. Son style, c’est sa pensée elle-même ; et, comme cette pensée est toujours grande et forte, son style aussi est toujours grand, solide et fort. La règle des ouvrages de l’esprit est toujours la même être égal à la vérité, ne pas l’affaiblir en s’y mêlant, se mettre tout entier à son service, s’immoler à elle pour la montrer seule, dans sa haute et sereine beauté ». Et plus tard encore, Brunetière disait, renchérissant sur ces éloges : « À des idées nouvelles, comme les découvertes elles-mêmes qui en étaient les commencements ou les suites, il a donné la forme qu’il fallait pour nous les rendre intelligibles à tous ; et n’est-ce pas là justement ce qu’on