Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
III

vous avez nommé, Messieurs ; dans les élections de savants illustres, c’est l’homme même ou, en d’autres termes, l’écrivain que vous prenez. » Il y a de cela trente-deux ans, grande mortalis œvi spatium, et l’Académie des Sciences n’a pas encore tenu la promesse ainsi faite en son nom.

Ce n’est pas, pourtant, que son Secrétaire perpétuel pour les sciences physiques, qui s’appelait d’abord Dumas, puis Berthelot, s’y soit dérobé par quelque oubli ou négligence. Loin de là, tous deux étaient grands amis et admirateurs profonds de Claude Bernard mais chacun d’eux avait trouvé, à un autre titre et comme il convenait à la circonstance particulière, l’occasion de le louer publiquement le premier, à ses obsèques, en 1878, au nom du Conseil supérieur de l’Instruction publique le second, à l’érection de sa statue du Collège de France, en 1886, au nom de cet Établissement. Sans doute, ils ont reculé devant le double emploi. Il est vrai que deux autres de nos Confrères, physiologistes tous les deux et bien qualifiés pour apprécier son œuvre, Vulpian et M. Chauveau, ont, au nom de l’Académie des Sciences, éloquemment parlé de lui le premier sur sa tombe, en 1878, le second à l’inauguration de sa statue de Lyon, en 1894. Il n’en reste pas moins qu’ici, chez elle, sous la coupole de l’Institut de France, notre Académie garde envers cette grande mémoire une dette à payer. Je remercierais volontiers mes deux illustres prédécesseurs de m’en avoir laissé l’honneur, si je n’avais, en même temps que la certitude de la remplir moins bien qu’ils n’eussent fait, la crainte de ne pas même suffire à la tâche difficile que j’ose pourtant entreprendre parce que je la considère aussi comme un devoir personnel. Bien qu’il y ait de cela près d’un demi-siècle, puis-je oublier, en effet, qu’il fut mon maître à la Sorbonne et que, plus tard, il ne cessa d’encourager mes efforts et de m’honorer de sa précieuse sympathie ?

Aussi bien n’y a-t-il plus de place aujourd’hui pour l’hésitation. Il faut agir et promptement, sous peine de voir disparaître un à un, sans