ne sont plus désormais que les deux branches d’un même tronc puissant, qui est la science des vivants, la science de la vie, la Biologie.
Parmi les artisans de cette double synthèse, nul n’y a consacré des efforts plus continus et plus pénétrants, n’y a appliqué une méthode plus sûre et plus sévèrement contrôlée, n’y a recueilli en retour des résultats plus nombreux et plus décisifs que celui dont je me propose de retracer aujourd’hui la laborieuse, féconde et glorieuse carrière.
Claude Bernard n’aimait pas la louange. Celle qui lui a été si abondamment et parfois si éloquemment décernée après sa mort, de toutes parts et à diverses reprises, sur sa tombe dans la pompe de ses funérailles nationales en 1878, à la réception de son successeur à l’Académie française en 1879, à l’inauguration de ses deux statues, la première à Paris en 1886, la seconde à Lyon en 1894 toute celle-là n’eût pas manqué d’effaroucher sa parfaite modestie. À ces manifestations éclatantes de l’estime et de la reconnaissance publiques, suprême hommage rendu à la Science dans sa personne, il eût certainement —préféré quelque chose de plus simple, de plus sobre, de plus discret, de plus conforme, en un mot, à l’ensemble harmonieux de son beau caractère. Tout de même, la pensée lui en eût peut-être été agréable et douce, si, songeant à l’avenir, il avait pu prévoir qu’un jour, bien longtemps après sa mort, devant ses amis et ses élèves devenus très rares, mais demeurés fidèles à sa mémoire, l’Académie des Sciences, ou son souvenir est toujours vivant, viendrait rappeler à tous, dans une de ses séances solennelles, les éminents services qu’il a rendus à la Science générale par la grande part qu’il a prise à la création et à l’affranchissement de la Biologie. Ce jour paraît venu.
« Claude, Bernard fut le plus grand physiologiste de notre siècle, a dit Renan, s’adressant à l’Académie française, où il lui succédait en 1879. L’Académie des Sciences fera son éloge ; elle exposera ces découvertes surprenantes qui ont porté la lumière sur les opérations les plus intimes des êtres organisés. Ce n’est pas le physiologiste que