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ÉLOGE DES DONATEURS DE L’ACADÉMIE.

les Universités même, les grands Établissements scientifiques ne lui suffisent plus. Elle a trouvé sa place, justifiée par les services qu’elle rend, dans les usines et dans les fermes, dans les laboratoires de toute nature créés par les grandes Compagnies et par les Services publics, dans la demeure du riche et dans la chaumière du paysan. Dans leur ardeur juvénile, nos Universités, qui rendent tant de services au pays, s’efforcent d’embrasser tout son domaine. Il faut cependant prévoir, sous peine de commettre des fautes graves, qu’une évolution nécessaire, une division du travail, séparera dans l’avenir les établissements où se cultive la haute Science de ceux où l’on étudie ses applications, Cette évolution, qu’il sera sage de préparer, n’atteindra pas les Académies. Leur rôle semble dorénavant fixé, et le champ dans lequel elles auront à se mouvoir demeure encore assez vaste pour contenter les ambitions les plus exigeantes. Elles doivent laisser à d’autres l’enseignement, les œuvres régulières et permanentes. Ce n’est pas à elles qu’il appartiendrait de mettre sur pied, si cela était encore possible, la maison de Salomon ; mais c’est à elles que reviennent l’honneur et le devoir de prendre les initiatives que réclame à chaque instant l’état perpétuellement changeant de la Science, de susciter les grandes entreprises dont l’intérêt est général, de signaler au gouvernement les travaux qu’exigent l’intérêt et le bon renom du pays, de l’éclairer, toutes les fois qu’il le désire ou que cela est nécessaire, sur les questions où elles sont particulièrement compétentes. Il leur appartient aussi de découvrir et d’encourager les talents naissants, de s’agréger, quelle que soit leur origine, tous ceux qui se recommandent par leurs travaux et, surtout, ces chercheurs isolés qui, sans être munis de grades et sans appartenir à l’enseignement, ont été portés par un goût naturel vers la recherche scientifique et ne peuvent trouver asile qu’au sein des Académies. Ce sont eux qui créèrent autrefois nos Compagnies, et qui ont été, pendant longtemps, les seuls à entretenir parmi nous le culte de la Science. Descartes, les deux Pascal, Fermat, Mont-