Maxwell a démontré que ces anneaux ne peuvent être solides, et que, s’ils sont fluides, leur densité ne peut dépasser les de celle de la planète. D’autre part, je démontre que, si les anneaux sont fluides, ils ne peuvent être stables que si leur densité est supérieure au de celle de Saturne. L’analyse semble donc confirmer l’hypothèse de M. Trouvelot, qui considère les anneaux comme formés de satellites infiniment petits et ne croit pas pouvoir expliquer autrement certaines apparences.
Pour terminer cette analyse des travaux astronomiques de Poincaré, je dois encore parler de ses Leçons sur les hypothèses cosmogoniques faites à la Sorbonne en 1910, recueillies par M. H. Vergne et parvenues déjà à leur seconde édition. De tout temps, l’homme s’est préoccupé de ses origines et de celles du monde où il est placé. Son besoin de savoir est impérieux, et lorsqu’il ne peut parvenir à une connaissance certaine par la méthode scientifique, il s’élance en quelque sorte vers la vérité, il essaye de la deviner, il imagine des hypothèses plus ou moins plausibles pour pénétrer dans le domaine qu’il ne peut conquérir par des procédés réguliers. C’est ce qui explique le succès qu’ont toujours obtenu auprès de la foule les conjectures sur la manière dont l’Univers a été formé. Le rôle du savant, quand il aborde ce genre de considérations, consiste à examiner les théories, proposées souvent par des rêveurs, à rechercher jusqu’à quel point elles sont d’accord avec les lois de la Mécanique générale, à essayer, s’il se peut, de les modifier de manière à établir cet accord. Tel est le point de vue auquel se place Poincaré.
Parmi les hypothèses sans nombre qui ont été successivement présentées, il faut placer au premier rang celle que Laplace a fait connaître, dès 1796, dans l’Exposition du Système du Monde. Poincaré en discute tous les points avec une pénétration et une précision admirables, en s’aidant des résultats qu’il a obtenus dans la théorie des figures d’équilibre et dans celle des marées. Malgré quelques diffi-