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Dans le discours que je viens de rappeler, M. Frédéric Masson nous fait connaître encore les noms de deux autres membres de la famille Poincaré : un grand oncle d’abord, le commandant Nicolas-Sigisbert Poincaré, né à Nancy en 1751, qui se faisait appeler Pontcarré[1] ; il fit la guerre d’Espagne et disparut dans la retraite de Russie ; et un autre soldat, Poincaré Amé-François, dont M. Henry Poulet nous parle longuement dans son Ouvrage sur les Volontaires de la Meurthe ; il avait appartenu à l’armée régulière et rendit de grands services pendant les guerres de la Révolution. On l’appelait « le vieux Poincaré ».

Telle était, du côté paternel, la famille d’Henri Poincaré. Du côté maternel, il ne fut pas moins bien partagé. Sa mère, originaire d’une famille meusienne et dont les parents habitaient Arrancy, était une personne très bonne, très active et très intelligente. Elle consacrait tous ses soins à l’éducation de ses deux enfants, son fils et une fille un peu plus jeune, qui devait devenir Mme Boutroux [2].

  1. Le nom de Poincaré n’agréait pas, semble-t-il, à notre Confrère. Il aurait préféré Pontcarré. On comprend à la grande rigueur qu’un pont soit carré, tandis que ces deux idées de point et de carré jurent de se voir ensemble accouplées. Je crois bien que c’est à M. Antoine Thomas que revient le mérite d’avoir indiqué la véritable étymologie d’un nom aujourd’hui illustre à tant de titres. Notre confrère de l’Académie des Inscriptions a découvert un « Petrus Pugniquadrati », étudiant à l’Université de Paris en 1403, et l’on a signalé depuis un Jehan Poingquarré, secrétaire de la reine Isabeau de Bavière et du duc de Bourgogne Jean sans Peur. « Le mot poing, ajoute M. Antoine Thomas, entre encore dans quelques locutions pittoresques où il se combine avec des participes passés ; on dit : frapper à poings fermés, dormir à poings fermés, livrer pieds et poings liés. Mais on ne parle plus de poings carrés. Il en était jadis autrement, et c’est ce qui explique le nom de famille. »

    Dans la chanson de geste de Gaydon, par exemple, le vieux trouvère nous montre un de ses héros qui

    « Hausse le poing qu’il ot gros et quarré. »

    Et ailleurs il nous décrit ainsi le duc Thibaud :

    « Grant ot le cors, parcreü et membré,
    Larges espaules et le pis encharné,
    La jambe droite et le pié bien torné ;
    Les bras ot lons et les poins bien quarrez. »
  2. C’est à Mme  Boutroux et à un camarade d’Henri Poincaré, M. le général Xardel, que je dois les renseignements sur l’enfance de notre Confrère dont je fais usage ici. J'ai fait