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LXXIII
DE JEAN-BAPTISTE DUMAS

connaissait si bien, deviennent sous sa plume l’occasion des plus magnifiques leçons ».

Ces beaux éloges n’ont pas peu contribué à le faire élire en 1876 à l’Académie française, où il prenait la place de Guizot et où Saint-René Taillandier, chargé de le recevoir, le saluait ainsi « Il était le premier de son ordre, vous êtes le premier du vôtre. » Et il ajoutait « Vous, qui secondez si bien les vivants, vous ne faites que continuer votre œuvre quand vous rendez aux morts de magnifiques hommages. Les éloges que vous avez prononcés de vos confrères de l’Académie des Sciences sont présents à tous les souvenirs. Quelle sûreté de vues et quelle aargeur Vous jugez le savant comme le jugera l’avenir et, parlant de l’homme en contemporain, vous excellez à mettre en lumière les traits qui le font aimer. Toutes ces pages sont d’un écrivain, quelques-unes d’un peintre et d’un poète. Voilà des titres qui vous signalaient particulièrement au choix de l’Académie française. »

Et puisque l’Académie française a bien voulu reconnaître à sa prose quelque vertu noétique, c’est peut-être le moment d’avouer ce qu’il a toujours soigneusement caehé s’il était parfois poète en prose, il rimait aussi volontiers. Composer des vers était même pour lui un besoin, un repos nécessaire à certaines heures. Seulement, dans sa parfaite modestie, qui n’était peut-être après tout qu’une sage prudence, il jetait ses poésies dans un vieux meuble et les brûlait régulièrement tous les cinq ou six ans. Sa famille conserve pourtant de lui une pièce de soixante-dix vers alexandrins ; rassurez-vous, je ne vous la lirai pas. Ce que j’en puis dire, c’est qu’elle est une imitation de Jocelyn, si parfaite qu’elle a tenu dans l’illusion et le ravissement pendant toute une soirée l’auditoire familial devant lequel il l’a récitée, en l’intercalant habilement entre deux pages de vrai Lamartine.

Ses fonctions académiques sont loin toutefois d’absorber toute son activité. Elle déborde de toutes parts. Pas de problème dans le domaine de la Chimie, de la Physique et de la Physiologie à la solu-