la trompe quelque liqueur convenable. On prétend que c’est un maître de poste de Versailles, nommé Guyot, qui imagina pour lui-même ce moyen curatif que de fort habiles chirurgiens ne parvinrent pas d’abord à imiter. Il est devenu fort général depuis que Dessault a indiqué les narines comme la voie la plus sûre pour porter l’instrument à l’embouchure du canal. Ce procédé, déjà fort perfectionné par M. de Saissy, de Lyon, et par M. Itard, médecin des sourds-muets, vient de l’être encore beaucoup par M. Deleau, médecin, qui s’est particulièrement consacré à la curation des maladies de l’oreille. Il emploie à cet effet une sonde de gomme élastique, enduite d’huile, qui traverse la narine, et dont il cherche à engager la pointe dans l’orifice de la trompe par des manœuvres auxquelles il s’est exercé. À l’autre bout de cette sonde s’adapte une petite seringue.
Quand la maladie ne vient pas de l’état de la trompe, ou lorsque la trompe est fermée sans remède, il arrive encore quelquefois que l’on peut remédier à la surdité en perforant le tympan, et M. Deleau a encore beaucoup perfectionné ce genre d’opération. Une simple fente se refermerait aussitôt ; il est nécessaire d’enlever un petit disque de la même membrane, et, pour cet effet, l’auteur a imaginé un petit emporte-pièce à ressort, qui produit d’un seul coup l’orifice désiré. Les commissaires de l’Académie ont vu une petite fille de neuf ans, sourde et muette depuis l’âge de treize mois, qui, immédiatement après la perforation du tympan de l’oreille droite, a entendu avec une sorte d’extase l’air d’une tabatière à serinette, et a répété les sons non articulés qu’on a fait retentir doucement à son oreille. On lui a aussi débouché et injecté la trompe du même côté, et l’on a été étonné de la quantité de matières diversement épaissies et colorées que les injections ont fait sortir par l’ouverture artificielle du tympan. Je n’ai pas besoin de dire qu’aucun de ces moyens ne