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après. La fièvre lente s’établit, sans être aussi vive. Les douleurs abdominales se propagèrent dans d’autres parties du corps ; les borborigmes furent plus fréquens et presque continus. Il fut décidé, par une consultation[1] que j’avais demandée, que le malade prendrait tous les jours un bain tiède d’environ une heure ce qui fut fait, et avec quelque succès, pendant plusieurs semaines. Les adoucissans, anodins, les nourritures légères et variées, furent prescrits mais le malade ne put les prendre, ou bien ils ne lui réussirent pas ; il dépérit et s’affaiblit de plus en plus, en conservant cependant ses facultés morales ; enfin il cessa de vivre par une sorte d’extinction.

On reconnut par l’ouverture du corps[2], que le volume du foie n’était pas aussi considérable que je l’avais cru au commencement de la maladie ; il paraissait flétri, rapetissé ; il y avait en lui quelques endurcissemens ; les rameaux de la veine porte étaient pleins d’un sang noir, sur-tout ceux qui constituent les veines hémorroïdales les intestins, les grêles particulièrement, étaient livides, noirs, et même, en quelques endroits, atteints de gangrène ; ce qui nous convainquit que M. le comte de Puységur était mort d’une entérite gangréneuse, après avoir éprouvé une longue maladie du foie.

Je pourrais citer d’autres exemples que j’ai eus sous les yeux, qui prouveraient que des maladies du foie ont été suivies d’entérite dont plusieurs personnes sont mortes avant que les désordres qu’on a trouvés dans le foie eussent été assez graves pour produire la mort, ou même lorsque les malades paraissaient être dans un meilleur état de la maladie du foie par la diminution apparente de ses symptômes.

On pourrait recueillir dans les ouvrages de Bonet, de

  1. Avec MM. Hallé, Montaigu et Bougon.
  2. Faite par M. Bougon, premier chirurgien de Monsieur.