Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sulfurique par parties égales[1], dont on multiplia les doses sans aucune retenue les douleurs, au lieu de se calmer, devinrent plus fortes et continues ; des vomissemens survinrent, et le malade se plaignit d’une vive douleur dans l’estomac et dans les intestins ; le pouls fut plus dur, plus serré, plus fréquent. Les adoucissans, relâchans et anodins furent prescrits, mais inutilement. Les douleurs ne se calmèrent point, et le pouls ne se relâcha que pour faire place aux signes précurseurs de la mort, survenue bientôt après.

On reconnut, à l’ouverture du corps de ce respectable magistrat, qui fut faite en ma présence par Desault, premier chirurgien de l’Hôtel-Dieu, que le foie était d’un très-gros volume, et qu’il contenait plusieurs squirrosités avec des marques de suppuration. Il y avait dans la vésicule du fief une bile noire poisseuse, avec de petits calculs biliaires nombreux la partie du foie contiguë à la vésicule du fiel était atteinte de putréfaction, et les vaisseaux de l’estomac et des intestins comme injectés d’un sang noirâtre.

On voit, par cette observation, que les douleurs de l’estomac et du canal intestinal n’avaient été que sympathiques, et qu’il fallait en chercher la cause dans le foie dont on avait prévenu ou du moins retardé l’altération délétère par les sangsues et les remèdes adoucissans et anodins qu’on avait voulu malheureusement remplacer par un remède trop actif, qui avait produit l’inflammation du foie et de l’estomac.

Observation V. M. Le comte de Puységur, d’une constitution délicate, maigre, très-irritable et très-sensible, était parvenu jusqu’à un âge assez avancé, sans éprouver d’autres maladies que de légères affections spasmodiques, qui l’avaient souvent

  1. On en donne ordinairement deux ou trois fois le jour, tout au plus quinze à dix-huit gouttes dans une cuiller à bouche.