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était ainsi arrivé ; mais que cependant d’autres fois sans avoir beaucoup mangé, ces accidens lui était survenus. Il ajouta qu’il croyait devoir les attribuer à un empoisonnement tenté par une personne qui en voulait à son existence. Je crus devoir palper le bas-ventre la région ombilicale était tuméfiée, et douloureuse au plus léger contact ; le foie me parut proéminent au-dessous des fausses côtes, et un peu douloureux dans la région épigastrique. Ce malade avait les yeux un peu jaunes, et sa peau n’était pas exempte d’une teinte de la même couleur. Je lui demandai s’il n’avait pas été plus jaune ; il me dit qu’il l’avait été plusieurs fois beaucoup plus interrogé s’il n’avait pas eu les urines rouges, il me répondit qu’il en avait rendu quelquefois de si rouges, qu’il avait cru pisser du sang ; enfin, s’il avait eu des évacuations bilieuses alvines plus jaunes, sa réponse fut affirmative.

Instruit de tous ces détails, j’assurai le malade qu’il avait une maladie du foie d’où provenaient ses douleurs, qui étaient quelquefois des coliques hépatiques et que je ne croyais pas qu’elles pussent être attribuées à aucun poison. Mais toutes mes raisons contre l’empoisonnement ne purent le convaincre. Je lui conseillai l’application des sangsues au fondement, des pilules savonneuses avec les extraits amers, des bains les eaux de Vichy. Ce malade parut sortir de chez moi peu content de ma consultation aussi ne fit-il, comme je l’ai su dans la suite, aucun usage de mes-avis. Je le perdis de vue pendant plusieurs mois, après lesquels je le vis reparaître accompagné de sa femme. J’appris qu’il avait encore eu plusieurs coliques avec des vomissemens, et qu’il avait fait divers remèdes dirigés dans le sens d’une inflammation imminente des intestins, qu’il attribuait toujours à un empoisonnement. Je ne m’occupai plus à lui faire connaître son erreur sur la cause de la maladie, n’ayant pu y réussir à sa première visite. Je lui prescrivis la saignée