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et de très-grands médecins avaient avancé que dans les vraies coliques hépatiques, s’il y avait des douleurs dans le bas-ventre, non-seulement elles n’augmentaient pas par la compression, mais même qu’alors les malades y éprouvaient un adoucissement[1].

Cependant, la jaunisse étant survenue, et les malades ayant éprouvé des évacuations bilieuses, avec de vrais calculs débile, évacuations qui avaient été suivies du relâchement et même de la cessation des douleurs, il n’y eut plus de doute que le foie ne fût le siége principal de la maladie, et que les douleurs, le gonflement et la tension des régions épigastrique et ombilicale n’en eussent été que les effets. On doit croire que, si ces évacuations n’eussent pas eu lieu, l’inflammation des intestins serait survenue ; ce qui justifierait l’opinion d Astruc et de Maloet, médecins de la Charité, qui voulaient que les malades atteints de la colique hépatique, au lieu d’être toujours soumis à l’usage des drastiques ou au mochlique, fussent lorsqu’il y avait des signes d’inflammation traités par les antiphlogistiques et par la saignée même. Nous avons nous-mêmes retiré d’heureux effets de cette pratique.

Voici d’autres faits qui prouveront, je crois, qu’on peut facilement se tromper sur la vraie cause et le siège primitif de l’entérite.

Observation III. Un homme d’une forte constitution, d’un tempérament sanguin et bilieux, âgé d’environ quarante ans, vint un jour me consulter pour des douleurs violentes dans le bas-ventre, principalement dans la région ombilicale. Il me dit que ces douleurs avaient succédé à des nausées et à des vomissemens de matière jaune et très-amère qu’il avait éprouvés la veille, après un dîner très-copieux, et que plusieurs fois cela lui

  1. Tantum in accessione inventum est solatium, tres quatuorve robustos homines ventri superpositos sustinere. Compresso siquidem ventre, paulò mitior cruciatus erat. Fernel, De luis venereœ curat, cap. , p. 589.