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éloge historique

formes plus dignes d’un si bel ouvrage. C’est aussi du temps de M. Banks que la Société elle-même a été mieux traitée par le gouvernement, et qu’elle a occupé dans un des palais royaux des appartemens dignes d’un corps qui fait tant d’honneur à la nation.

Il était impossible que des services aussi réels ne fussent pas enfin reconnus par les hommes impartiaux ; l’opinion publique les proclama, et le gouvernement se crut obligé de les proclamer comme elle. Élevé à la dignité de baronet en 1781, décoré en 1795 de l’ordre du Bain, l’un des premiers parmi les hommes qui n’étaient ni pairs du royaume, ni pourvus de grands offices militaires, M. Banks fut, en 1797, nommé conseiller d’état ; ce qui, en Angleterre, donne un rang distingué et la qualification de très-honorable, qui n’est pas sans quelque importance dans un pays où l’étiquette en a beaucoup.

Pour lui, cependant, ce n’était qu’un titre ; mais ce titre était une faveur, et il n’en fallait pas davantage pour réveiller l’envie. Déjà, à son retour d’Otaïti, un plaisant lui avait adressé une héroïde au nom de la reine Obéréa : dans une autre occasion, on lui avait prêté une prière instante à Dieu de multiplier les insectes, comme du temps des plaies d’Égypte ; cette fois, feignant qu’il était admis aux véritables conseils politiques, on le représentait courant après des papillons, pendant que ses collègues délibéraient sur les intérêts de l’Europe.

Le seul remède applicable à de pareilles piqûres était d’en rire. Ce fut celui qu’il employa.

Du reste, s’il ne donnait pas officiellement au Roi des conseils politiques, il n’en était pas moins pour lui un conseiller très-réel et très-utile. Il partageait ses occupations rurales, il lui faisait connaître les productions intéressantes