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de m. banks.

heureux de la mer du Sud à qui la nature a prodigué tous ses dons : un sol également désolé par le feu des volcans et par des hivers de neuf mois, la plaine hérissée presque partout de roches pelées et tranchantes, des hauteurs toujours couvertes de neige, des montagnes de glace que la mer apporte encore pendant un été si court et qui souvent font recommencer l’hiver, tout semble annoncer aux Islandais la malédiction des puissances célestes. Ils portent l’empreinte du climat : leur gravité, leur aspect mélancolique, font un aussi grand contraste avec la gaieté légère des insulaires de la mer du Sud, que les pays habités par les deux nations ; et toutefois les habitans de l’Islande ont aussi leurs jouissances, et des jouissances d’un ordre supérieur : l’étude, la réflexion, adoucissent leur sort ; ces grands édifices naturels de basaltes, ces immenses jets d’une eau bouillante ou colorée, ces végétations pierreuses qu’elle produit, des aurores boréales de mille formes et de mille couleurs, illuminant de temps en temps ces spectacles imposans, leur donnent des dédommagemens et les excitent à la méditation. Seule peut-être parmi les colonies, l’Islande s’est fait une littérature originale plus tôt que sa métropole, plus tôt que toute l’Europe moderne. On assure qu’un de ses navigateurs avait découvert l’Amérique près de cinq siècles avant Christophe Colomb ; et ce n’est que dans ses anciennes annales que l’on a pu retrouver des documens un peu authentiques pour l’histoire de la Scandinavie : encore aujourd’hui, le moindre paysan y est instruit de l’histoire de son pays ; et c’est en redisant de mémoire les chants de leurs anciens poètes, qu’ils passent leurs longues soirées d’hiver.

Notre caravane savante employa un mois à parcourir cette île ; et M. de Troïl a publié une relation bien intéressante de ce qu’ils observèrent. Quant à M. Banks, toujours peu