d’Otaïti et aux combats avec les anthropophages de la Nouvelle Zélande, jusqu’à cet incendie général des herbes dans lequel les habitans de la Nouvelle Galles du sud furent au moment de les envelopper, semblent réaliser ces amusantes féeries de l’Odyssée qui ont fait le charme de tant de nations et de tant de siècles.
Or c’est incontestablement à la présence de deux hommes nourris d’autres idées que de simples marins, c’est à leur manière d’observer et de sentir, qu’est dû, en grande partie, ce puissant intérêt. Rien ne leur avait coûté pour enrichir leurs collections ou pour satisfaire leur curiosité. M. Banks, sur-tout, se montre toujours d’une activité étonnante ; la fatigue ne le rebute pas plus que le danger ne l’arrête. On le voit, au Brésil, se glisser comme un contrebandier sur le rivage, pour arracher quelques productions à cette riche contrée, malgré la stupide jalousie du gouverneur. À Otaïti, il a la patience de se laisser peindre de noir, de la tête aux pieds, pour faire un personnage dans une cérémonie funèbre, qu’il n’aurait pu voir autrement ; et ce n’est pas seulement pour voir, pour observer, qu’il déploie son caractère ; en tout lieu, bien que sans autorité légale, il semble prendre naturellement le rang que lui auraient donné en Europe les conventions de la société ; il est toujours en avant ; il préside aux marchés, aux négociations ; c’est à lui qu’on s’adresse des deux parts dans les embarras ; c’est lui qui poursuit les voleurs, qui recouvre les objets volés : s’il n’eût retrouvé ainsi le quart de cercle qui avait été adroitement enlevé par un insulaire, le but principal de l’entreprise, l’observation du passage de Vénus sur le disque du soleil, aurait été manqué. Une seule fois il n’osa se faire rendre justice : mais ce fut lorsque la reine Obéréa, l’ayant logé trop près d’elle, lui fit, pendant la nuit, voler tous ses vêtemens ; et l’on conviendra qu’en